On reproche à juste titre à la série des Rocky son manque de réalisme et pourtant la rivalité qu’offrirent Muhammad Ali et Joe Frazier aux amateurs de boxe dans les années 70 n’a rien à envier à celle opposant Rocky Balboa et Apollo Creed dans la célèbre saga cinématographique.
Le 1er octobre 1975, les deux protagonistes sont à un partout. Frazier a infligé sa première défaite à Ali – alors de retour de suspension suite à son refus de servir au Vietnam - lors de la première rencontre en mars 1971 au Madison Square Garden, le stoppant net dans sa reconquête du titre. Ali a pris sa revanche aux points au même endroit en janvier 1974. C’est donc pour régler un vieux contentieux que les deux champions se sont donné rendez-vous à Manille (plus exactement à Quezon City), titre unifié des lourds en jeu. La promotion, orchestrée par Don King, a été féroce, Ali allant jusqu’à traiter Frazier de gorille en conférence de presse en lançant le fameux "It's gonna be a chilla, and a killa, and a thrilla, when I get the Gorilla in Manila". Comme pour toutes les bonnes séquelles, l’action est promise : ça sera donc le « Thrilla in Manilla »
Il fait 38 degré ce soir là à l’Araneta Coliseum, mais les spectateurs courageux qui bravèrent la fournaise en ont eu pour leur argent. Ils eurent la chance d’assister à l’un des plus grands combats de l’histoire, point final de la rivalité entre deux légendes de la boxe, qui scella d’ailleurs leur réconciliation. Au fil des rounds, l’opposition atteint un degré de violence et d’incertitude extrêmes, les deux boxeurs se rendant coup pour coup. Ali prend définitivement l’avantage au cours de 13e et 14e rounds d’anthologie, contraignant Frazier à l’abandon à l’appel de l’ultime reprise. Le visage déformé par les coups de Frazier dans le dernière round ou l’évanouissement d’Ali à l’issue du match témoignent de l’intensité d’une rencontre qui appartient au Panthéon du sport, et pendant laquelle les deux protagonistes admettront plus tard qu’ils ont entrevu la mort
Le match en intégralité
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